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  • AVE CAESAR

    gwencouv.jpegJe ne sais plus lire, je ne sais plus écrire. Tiens, j'ai écrit cela et je l'ai relu. Je sais donc à nouveau lire et écrire, pour la première fois depuis mon accident vasculaire cérébral (AVC), il y a plus d'un an.

    Pour me rappeler ces trois lettres, A,V, C, je dois passer par la formule « Ave César », ancrée dans ma mémoire ancienne. Ave Caesar morituri te salutant, disaient les gladiateurs, ces esclaves-combattants, avant de s’affronter devant le peuple et l'Empereur.

    Je n'avais probablement jamais cessé de savoir lire et écrire, mais je ne le savais pas. J'avais oublié que je savais lire et écrire, ce qui revient au même. La peur panique d'avoir à repasser par le long apprentissage des classes maternelles, la 12ème, la 11ème, la 10ème, toutes les étapes obligées de l'enfance et de l'adolescence, me paralysait. A tort, donc.

    Tout, ou beaucoup, est en train de revenir, contrairement à mes prévisions les plus pessimistes. Tout revient douloureusement, dans le désordre, par blocs. Pour l'instant, tout va, dans la douleur, dans le bon sens... Mais combien de temps ? L'état de ma mémoire est supportable, parce qu'il est provisoire. Reviens, mémoire ! En dehors de toi, il n'y a rien.

    Néanmoins, main droite demi paralysée, vision amputée à droite, mémoire encore largement défaillante, j'écris lettre par lettre, pour me souvenir. Je devrai néanmoins me ménager, cela tombe bien, on écrit toujours trop.

    Je pense à l'effort surhumain de mon frère humain, Jean-Dominique Bauby, écrivant son livre, Le scaphandre et le Papillon, (Robert Laffont, 2011), sans aucun contact avec l'extérieur. J'ose dire, néanmoins, que ma situation est pire encore que la sienne, puisque sa mémoire et son intelligence, selon ce livre, étaient restées intactes. Ce qui n'est pas mon cas. Mais oserais-je envier la situation qui fut la sienne ?

    Tout est mémoire. Rien n'existe en dehors de la mémoire, même si elle est enfermée dans un cerveau sans pouvoir en sortir. « Nous sommes libres dans ce qui dépend de nous », comme le dit un auteur ami, dont j'ai oublié le nom. Nous sommes peut-être tous libres, enfermés dans notre mémoire.

    Bien entendu, l'idée de mettre fin à mes jours n'a jamais cessé de me hanter, de m'occuper jour et nuit, depuis mon accident : tous mes organes, toutes les cellules, tous les atomes qui composent mon corps ont cessé d'avoir envie de vivre ensemble...

    Mais, finalement, tout bien considéré, je vais écrire un livre, plutôt que de me suicider. C'est sans doute une erreur, mais moins grave que la première et le bon Dieu, avec qui je parle de temps à autre, voudra bien me la pardonner, celle-là, la seconde, alors qu'il n'aurait rien pu faire pour la première.

    Je suis étrangement vieux et jeune à la fois – 57 ans – , et ma vie vient de passer par cet effroyable carnage de neurones, dont elle ne se remettra peut-être jamais. Ce livre, j'aurais préféré ne pas avoir à l'écrire, mais, si rien n'est pire que de devenir idiot, rien n'est meilleur que de l'avoir été.

    Lecteur, arrête de le feuilleter distraitement, mon livre, chez le dernier libraire de ton quartier qui ne soit pas encore transformé en restaurent japonais ! Achète-le, nom de Dieu ! Tu verras qu'il parle de choses qui pourraient t'arriver... mais non, n'aie pas peur, bon sang ! Il n'est pas si lugubre que ça. Achète-le, mon livre, ou je me suicide ! hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère...

    Un idiot dans la ville, Editions Persée, diffusion Hachette.

    Merci à Bertrand Jouvenot pour le premier article consacré à Un idiot dans la ville.

     

    Lien permanent Catégories : Livre, politique, Santé 0 commentaire
  • J'aime Big Brother!

    bigbrother.jpgJe me suis fait vacciner. "J'aime Big Brother!", comme dit le héros à la fin de 1984 d'Orwell. C'est bon, je suis normal, le peux aller au restaurant ou au cinéma, prendre le train, rentrer dans n'importe quel supermarché.

    Je suis donc allé casser la croute dans un petit café, dans une petite ville de province et on m'a demandé mon pass sanitaire, avec QRcode et on a enregistré mon identité! Devant moi, une femme demande un café en terrasse, on lui demande son QRcode! Une amie se fait refuser l'entrée dans un restaurant d'une charmante petite ville de bord de mer.

    Juste un détail: contrairement au malheureux héros d'Orwell, je fais semblant d'aimer Big Brother, mais ne le dites à personne... Et vous?

    Lien permanent Catégories : politique, Santé 3 commentaires