Le slogan "black lives matter" a envahi la planète et déjà remplacé le coronavirus. Il exprime, au départ, la lutte des afro-américains contre le racisme mais tend à se mondialiser et donc à prendre une valeur universelle.
En réalité, cette formule est typiquement américaine et sa mondialisation relèvent d'un énorme contresens. La situation des afro-américains n'a strictement rien à voir avec celle des immigrés et de leurs descendants en Europe. Le nouveau monde et l'ancien divergent radicalement sur ce point.
Les descendants des esclaves font partie, bien malgré eux, des fondateurs de l'Amérique du Nord et du Sud contemporaine; les immigrés et les migrants d'aujourd'hui sont venus volontairement, poussés par des raisons économiques, dans une Europe dont les nations étaient fondées des siècles ou des millénaires plus tôt. La police, en Amérique, a peu de choses à voir avec ce qu'elle est chez nous: les shérif, élus, dirigent une police locale, tandis que chez nous la police nationale, reste dans une logique centralisée. Le fonctionnement de la Justice est également profondément différent (jurisprudentiel dans les pays anglo-saxons, légaliste dans les pays latins).
Ce qui distingue encore le nouveau monde de l'ancien, c'est le droit sacro-saint de porter une arme pour assurer sa sécurité, prévu par le deuxième amendement. En France, il faut déclarer à la police (en principe) toute détention d'un fusil de chasse. Là, il faudrait peut-être simplement rappeler à nos amis américains qu'en 1791, les armes à feu portaient à quelques mètres et s'enrayaient une fois sur deux, alors que les armes modernes ont la capacité de tuer en quelques secondes des dizaines de personnes...
Comme dirait Orwell, dans La ferme des animaux "tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres".